Le ministère prophétique de Muhammad.

 

Dans le chapitre précédent nous avons vu que Dieu exige deux témoins pour toute question touchant à la justice humaine ; pour les questions qui ont trait à des sujets religieux, à des vérités divines et célestes, Dieu présente au moins deux témoins. Nous avons vu également que si un homme se présente à Jérusalem ou à La Mecque en prétendant que ses paroles lui viennent directement du Dieu Créateur, nous devons nous interroger - et l'interroger : « Comment pouvons nous être assurés que tu parles au nom du Dieu Créateur, le Dieu du ciel et de la terre. Qui - ou quoi - constitue le second témoin ? »

A l'idée que nous puissions poser cette question, certains de mes lecteurs se sentiront sans doute mal à l'aise. Il leur semble que la question jette une ombre de suspicion sur la personne qui se proclame prophète. Car elle pourrait impliquer dans l'esprit de celui qui la pose l'a priori : « Je ne te crois pas ».

J'en conviens. Imaginez précisément ce qu'ont pu ressentir les chrétiens qui ont entendu, comme cela a été mon cas, des centaines de fois l'affirmation : « Vous avez falsifié l'Evangile ! » N'y a-t-il pas, sous jacente à cette affirmation la pensée : « Je ne crois pas » ?

La question est d'ailleurs si importante qu'elle doit exclure les états d'âme. Elle doit être posée à la fois aux chrétiens et aux musulmans : « Quelles sont les preuves ? Qu'est-ce qui témoigne que les paroles que Jésus a prononcées et qui sont dans l'Evangile venaient bien de Dieu ? Qu'est-ce qui témoigne que les paroles que Muhammad a prononcées et qui sont dans le Coran venaient bien de Dieu ? »

Quand Muhammad parcourait les rues de La Mecque, en affirmant que Dieu lui avait parlé et lui avait donné des révélations sur le Jour de Jugement, comment ses auditeurs pouvaient-ils avoir la certitude qu'il en était bien ainsi ? Il en va de même pour celui qui lit dans le Coran les paroles de Muhammad : Comment peut-il être certain que c'est Dieu qui les a révélées à Muhammad ? Muhammad n'est qu'un témoin - le premier.

Un second témoin

Chaque fois que j'ai posé la question : « Y a-t-il quelqu'un d'autre que Muhammad à avoir entendu l'ange Gabriel ? », tous mes interlocuteurs, à l'exception d'un seul m'ont répondu : « Non, Muhammad a été l'unique personne à avoir entendu l'ange ». Le seul à avoir été d'un avis différent m'a montré un hadith puisé dans la collection des Quarante Hadiths de Nawawi.

Ce hadith, transmis par Muslim, rapporte qu'un homme s'était approché de Muhammad, et l'avait interrogé. Le ton de cet homme était celui d'un maître. Satisfait des réponses obtenues, il s'en alla. Alors Muhammad déclara à Omar et aux autres personnes présentes que ce visiteur était Gabriel. C'est possible. Mais cela ne change rien à notre problème : c'est Muhammad qui a identifié le visiteur. Ce n'est pas Gabriel qui a révélé son identité, ainsi Muhammad reste le seul témoin.

De plus, c'est le seul hadith qui traite de ce sujet.

Bâtir notre conviction sur un hadith, transmis par un seul spécialiste ne constitue pas une démarche sage.

Mais il faut reconnaître aussi que dans la plupart des cas seul le prophète a entendu la voix de Dieu ou de l'ange. Il ne nous est jamais rapporté, dans la Torah-Ancien Testament, qu'une autre personne ait entendu Dieu s'adressant à Esaïe ou à Jérémie. De même, le Coran ne mentionne pas d'autres personnes témoins des paroles adressées par Dieu à Houd ou à Salîh. Moïse et Jésus sont deux grandes exceptions à cette constatation.

Du Mont Sinaï, Dieu s'est adressé à Moïse et à tout le peuple d'Israël. Les Israélites étaient si épouvantés qu'ils supplièrent Dieu de ne pas répéter ses paroles. C'est en réponse à leur requête que Dieu promit de leur envoyer un autre prophète comme Moïse, « un prophète d'entre leurs frères » (Torah­ Deutéronome 18).1

A trois reprises durant la vie terrestre de Jésus, Dieu a parle ouvertement comme second témoin. La première fois, ce fut lorsque Jean (Yahyâ Ibn Zakarïyâ) baptisa Jésus :

« Tandis que tout le peuple se faisait baptiser, Jésus fut aussi baptisé ; et pendant qu il priait, le ciel s'ouvrit, et l'Esprit Saint descendit sur lui sous ; une forme corporelle, comme une colombe. Et il vint une voix du ciel : Tu es mon Fils bien-aime objet de mon affection » (Luc 3.21-22).

Il est clair que Jean et tous ceux qui furent baptisés à ce moment entendirent la voix.

La deuxième fois, ce fut en présence de trois disciples : Pierre, Jacques et Jean. Jésus les avait pris avec lui sur une haute montagne où il fut transfiguré. Ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante. Moïse, mort, depuis plus de 1000 ans, et Elie, monté au ciel depuis plus de 800 ans apparurent à Jésus.

« Une nuée vint les envelopper, et de la nuée sortit une voix : Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le. Aussitôt les disciples regardèrent tout autour, mais ils ne virent plus personne que Jésus seul avec eux » (Marc 9.7­8).

Enfin la troisième occasion est rapportée par Jean ; la déclaration divine eut pour témoin un vaste auditoire :

« (Jésus dit) : Père glorifie ton nom !

Une voix vint alors du ciel : Je l'ai glorifié et je le glorifierai de nouveau. La foule qui se tenait là et qui avait entendu, disait que c'était le tonnerre. D'autres disaient : Un ange a parlé.

Jésus reprit la parole : Ce n'est pas à cause de moi que cette voix s'est fait entendre ; c'est à cause de vous » (Jean 12.28-30).

Mais la plupart des prophètes n'ont pas eu confirmation de leur ministère par une voix céleste.

C'est pourquoi Dieu doit produire un second témoin d'une nature différente. Par le passé, Dieu s'est servi de trois types de témoins :

A. Le prophète peut accomplir des miracles pour confirmer ses paroles.

B. Les prophéties annoncées par des prophètes antérieurs s'accomplissent par le nouveau prophète.

C. Le prophète annonce des événements futurs. En accomplissant ces prophéties, Dieu confirme le message du prophète.

Examinons en détail chacun de ces trois types de témoins.

l. Miracles comme second témoin

La Torah et le Coran attestent que Dieu a confirmé la mission spécifique de Moïse par de nombreux miracles. La Torah-Ancien Testament fait encore allusion aux miracles accomplis par bien d'autres prophètes, notamment Elie et Elisée. L'Evangile et le Coran mentionnent les miracles par lesquels Jésus authentifiait son ministère. II était donc normal que les habitants de La Mecque demandent à Muhammad d'accomplir un miracle, de sorte qu'ils aient le deuxième témoin indispensable.

D'après le Coran, Muhammad fut chargé de répondre qu'il n'était qu'un avertisseur. Après la mention des cieux, du soleil et de la lune, de la terre avec ses montagnes affermies, des rivières, des fruits, des jardins, des palmiers comme signes, la Sourate du Tonnerre (Al-Ra'd) 13.4b,7, de la période mecquoise tardive, déclare :

« I1 y a vraiment là des Signes pour un peuple qui comprend.

Les incrédules disent : Pourquoi n'a-t-on pas fait descendre sur lui un Signe de la part de son Seigneur ?

Tu n'es qu'un avertisseur. Un guide est donné à chaque peuple. »

Le verset 27 de la même Sourate réitère la requête :

« Les incrédules disent : Pourquoi n'a-t-on pas fait descendre sur lui un Signe de son Seigneur ? »

La réponse est fournie au verset 31 :

« S'il existait un Coran par la vertu duquel les morts parleraient !. »

les habitants ne croiraient cependant pas.

Nous ne doutons pas un seul instant que cette affirmation du Coran est vraie : même en face d'une preuve irréfutable, des hommes refusent de croire. Après que Jésus eût multiplié cinq pains et deux poissons pour nourrir miraculeusement 5000 hommes et que, sur la base de ce miracle, il se fût déclaré « vrai pain venu du ciel », les juifs lui demandèrent : « Quel miracle fais-tu donc afin que nous le voyions et que nous te croyions ? Quelle oeuvre fais-tu ? » (Jean 6.30).

II y a toujours eu deux catégories de personnes. A côté des incrédules endurcis qui resteront incrédules quoi que Dieu entreprenne pour les convaincre, il y a ceux qui cherchent sincèrement à connaître la volonté de Dieu. Ils sont à l'affût du deuxième témoin grâce auquel ils sauront sur quel sentier s'engager.

Le Coran répond à cette quête en mentionnant les signes. L'ennui, c'est que tous les signes coraniques évoqués plus haut sont des signes tirés de l'ordre de la Nature. Ils ne prouvent qu'une chose : il y a un Dieu Créateur Tout Puissant. Ils ne prouvent nullement que celui qui en parle est un authentique prophète.

Le Dr Bucaille a écrit deux livres qui font abondamment mention des merveilles de la création de Dieu. Dans son deuxième ouvrage, il mentionne même des prodiges que ne cite pas le Coran. Le Dr Bucaille est-il pour autant un prophète ? Certes non ! Il serait sans doute le premier à refuser ce titre.Y a-t-il des miracles que les musulmans pourraient évoquer comme deuxième témoin possible ? Certains voient dans le Mi'râj - ou voyage nocturne - un éventuel miracle. Il est mentionné dans la Sourate du Voyage nocturne (A1-Isrâ' ) 17.1 de l'an 1 avant l'Hégire :

« Pureté à Celui qui, une nuit, fit voyager Son esclave, de la Sainte Mosquée à la très lointaine Mosquée, dont Nous avons béni l'alentour, afin de lui faire voir certains de Nos signes... »

La ma jorité des commentateurs interprètent ce récit littéralement comme un déplacement physique de Muhammad. Quelques rares exégètes - et parmi eux Hamidullah - considèrent qu'il s'agit d'une vision. A l'exception de Hamidullah, tous identifient la « très lointaine Mosquée » à Jérusalem. Hamidullah pense au paradis. Pickthall fait état d'un « coursier céleste », Yusuf Ali défend l'idée d'une ascension de Muhammad de Jérusalem jusqu'au trône sublime dans les cieux les plus élevés ; Hamidullah ajoute que c'est à cette occasion que Muhammad reçut les cinq offices quotidiens. Mais précisons que toutes ces notions proviennent de la littérature des hadiths. Le verset coranique cité plus haut ne contient en lui-même aucune de ces idées. Nous ne sommes toujours qu'en présence d'un seul témoin. Cette expérience ne fut vécue et rapportée que par Muhammad.

La requête des incrédules de La Mecque est reprise dans la Sourate de l'Araignée (Al-`Ankabüt) 29.50, de la période mecquoise intermédiaire :

« Et ils disent : Pourquoi n'a-t-on pas fait descendre sur celui-ci des signes de la part de son Seigneur ? »

La réponse jaillit un peu plus loin :

« Dis : Rien d'autre : les signes sont auprès de Dieu. Et rien d'autre : Je suis un avertisseur clair. Quoi, cela ne leur suffit-il pas que Nous te fassions descendre le Livre qui est récité sur eux ? » (verset 50b-51 ).

Nous avons suivi le raisonnement jusqu'à son terme. Les miracles - ou les signes - sont au pouvoir et au vouloir de Dieu. Muhammad est chargé d'annoncer qu'il n'est qu'un « avertisseur clair ». Nous en déduisons que Dieu n'a pas voulu accorder à Muhammad le don d'un miracle quelconque. Alors nous nous trouvons confrontés à la question : « Le Coran n'est-il pas suffisant » comme deuxième témoin ?

Ce procédé nous fait entrer dans un cercle vicieux où la question tient lieu de réponse ! Or on nous a bien mis en garde : n'accepter les paroles d'un prophète, dans ce cas le Coran, que s'il peut avancer un deuxième témoin. Et voilà que le Coran contourne la difficulté en affirmant que les paroles du prophète constituent le deuxième témoin ! Le bât blesse. On ne peut dissocier le prophète de ses paroles. Ils sont inséparables et constituent le premier témoin.

Supposez que je vous déclare : « La lune est composée de beurre ». Vous me répondrez : « Ce n'est pas ce que les astronautes ont découvert ! Prouvez-le moi. »

Comme preuve, je saisis une feuille de papier sur laquelle j'inscris ces mots : « La lune est composée de beurre ». Je me tourne alors vers vous, je vous tends la feuille de papier et j'ajoute : « Regardez ! C'est pourtant bien ce qu'indique cette feuille de papier ! »

Sous cette forme simple, voire simpliste, il est évident que mes paroles verbales et mes paroles écrites comportent exactement les mêmes mots. II n'y a en réalité qu'un seul témoin. Vous aurez raison d'être plus exigeant et de réclamer un témoin extérieur à moi-même. Car vous ne pouvez pas considérer mon affirmation écrite comme l'autre témoin de mon affirmation orale.

La Sourate 29, verset 52 en appelle à Dieu comme témoin :

«  Dis : Dieu suffit comme témoin entre moi et vous. Lui qui sait tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. »

On en revient à la case départ : la mention des cieux et de la terre, donc la création, est une preuve qu'il existe un Dieu Créateur, mais non pas une preuve de la vocation prophétique de Muhammad.

Nous n'avons donc pas de réponse à la question que Dieu nous autorise à poser à tout prophète qui prétend parler au nom de Dieu : « Où est le signe qui confirme que tu parles bien au nom de ce Dieu Créateur ? Où est le deuxième témoin ? »

2. Prophéties des écrits antérieurs concernant Muhammad ?

Au chapitre II de la deuxième section, nous avons examiné le hadith ; suivant en relation avec son témoignage rendu à la Bible. Reprenons-le dans le contexte de sa prophétie concernant Muhammad :

« `Ata'b. Yasar raconta avoir rencontré `Abdallah b. `Amr b. al-`As et lui avoir demandé de le renseigner sur la description que la Torah donne du messager de Dieu. 11 s'exécuta en faisant serment devant Dieu que le messager était assurément décrit dans la Torah, outre la description donnée de lui dans le Coran (Sourate des Coalisés, AI­Ahzâb 33.45) qui déclare : Ho, le prophète ! Nous t'avons envoyé comme témoin, et annonciateur et avertisseur, et gardien du commun peuple ».

(Puis, enchaînant sur la Torah-Ancien Testament) : « Tu es mon serviteur et mon messager ; je t'ai appelé «  celui qui se confie », ni rude, ni brusque, ni bruyant dans les rues. II ne chassera pas le mal par le mal, mais il pardonnera ; Dieu ne le reprendra pas avant qu'il ait rendu droit le credo déformé de sorte que les gens déclareront qu'il n'y a pas d'autres dieux que Dieu, et qu'il ouvre ainsi les yeux des aveugles, les oreilles sourdes et les coeurs endurcis. »

Bukhari a transmis ce hadith ; Darimi, de son côté, fournit un récit identique en s'appuyant sur `Ata' qui en réfère à Ibn Salam.

Le passage évoqué dans ce hadith se trouve dans la Torah-Ancien Testament, dans le livre du prophète Esaïe, écrit quelque 750 ans av. J.-C.

« Voici mon serviteur auquel je tiens fermement,

Mon élu en qui mon âme se complait.

J'ai mis mon Esprit sur lui ;

Il révélera le droit aux nations.

Il ne criera pas,

Il n'élèvera pas la voix

Et ne la fera pas entendre dans les rues.

Il ne brisera pas le roseau broyé

Et il n'éteindra pas la mèche qui faiblit ;

Il révélera le droit selon la vérité...

Moi, l'Eternel, je t'ai appelé pour la justice...

Je te protège et je t'établis

Pour faire alliance avec le peuple...

Pour ouvrir les yeux des aveugles,

Pour faire sortir de prison le captif ­

Et de leur cachot les habitants des ténèbres. » (Esaïe 42.1-3, 6a,7)

Nous sommes donc en présence d'un hadith que l'on peut considérer comme authentique car il repose sur deux témoins. Nous possédons sa transmission par la communauté musulmane et sa citation originale dans le livre du prophète Esaïe. Ce sont des confirmations de ce type que l'on trouve dans des dizaines de prophéties relatives à Jésus le Messie.

Mais cette prophétie est appliquée à Jésus. C'est ce- que rapporte l'Evangile :

« Jésus l'apprit et se retira de là. Beaucoup le suivirent, et il guérit tous... afin que s'accomplisse la parole du prophète Esaïe :

Voici mon serviteur que j'ai choisi

Mon bien-aimé en qui mon âme a pris plaisir.

Je mettrai mon Esprit sur lui

Et il annoncera la justice aux nations... » (Matthieu 12.15-18).

Le récit se poursuit : Jésus guérit un démoniaque aveugle et muet (verset 22) après quoi la foule s'interroge : N'est-ce pas là le Fils de David ? (verset 23).

C'est au lecteur d'apprécier si les paroles d'Esaïe s'appliquent à , Muhammad ou à Jésus, mais compte tenu de la présence des deux témoins nous avons la quasi certitude que la conversation rapportée plus haut eut bien lieu.

Pourquoi seulement une quasi certitude et non une certitude absolue ?

Parce qu'il existe une infime part de risque que quelqu'un ait créé de toute pièce ce hadith pour étayer sa doctrine. Même si cette hypothèse peu probable était exacte, elle prouverait néanmoins que quelqu'un de la communauté musulmane a cité Esaïe comme authentique Parole de Dieu.

La prophétie du « Paraclet » s'applique-t-elle à Muhammad ?

Dans son ouvrage consacré à la comparaison entre la Bible et le Coran, le Dr Bucaille analyse les chapitres 14 à 16 de l'Evangile de Jean qui annoncent la venue du « Paraclet ». Hormis Genèse 1 et les généalogies, aucun autre passage de la Bible ne fait l'objet d'une étude aussi détaillée. Le Dr Bucaille lui consacre les pages 105 à 109 de son livre.

Dans ces quatre pages, le Dr Bucaille affirme avoir cité tous les versets qui traitent du sujet et adresse six critiques contre la validité de ce passage biblique. I1 prétend notamment que certains mots ont été supprimés dans l'Evangile, que d'autres mots, en revanche, ont été ajoutés, que l'emploi qui est fait des mots grecs est erroné et que la plupart des traducteurs se sont fourvoyés.

Ces attaques en règle sont habilement menées, et dans la forme littéraire telle que le lecteur a l'impression d'être écrasé par le savoir de l'auteur et le poids de ses arguments. Nous allons donc examiner minutieusement chacune de ces critiques.

Les chrétiens croient que le mot « paraclet » ( parakletos, en grec) désigne le Saint-Esprit de Dieu. Cet Esprit vient habiter dans toute personne qui a confessé que Jésus-Christ est Sauveur, et l'aide à lutter contre le péché.

Les musulmans ont suggéré que l'annonce de la venue du Paraclet était accomplie en Muhammad. Le musulman croit à un tel accomplissement prophétique car il est écrit, dans la Sourate du Rang (Al Saff ) 61.6, de l'an 3 de l'Hégire :

« Et quand Jésus fils de Marie dit : O Enfants d'Israël, je suis vraiment un messager de Dieu à vous... annonciateur d'un messager à venir après moi dont le nom sera AHMAD. Puis celui-ci vient à eux avec des preuves, ils disent : C'est de la magie manifeste ! »

En arabe, les noms aHMaD (plus loué) et muHaMmaD (très loue) ont le même radical 2 et des sens voisins. Voilà la raison pour laquelle les musulmans affirment que ce texte est une prophétie à peine voilée, faite par Jésus et s'accomplissant en Muhammad.

A l'évidence, il n'existe pas dans l'Evangile une telle prophétie. II a donc fallu poursuivre des investigations plus poussées au cours des années. Et aujourd'hui nombreux sont les musulmans qui affirment que la promesse de la venue ,du paraclet, faite par Jésus en Jean 14, s'applique précisément à Muhammad. C'est ce qui ressort d'un article écrit par le Professeur Katkat dans Manâr AI-Islâm 3 ; Yusuf Ali exprime la même idée dans la note suivante, qui accompagne la Sourate 61.6 :

« `Ahmad' ou `Muhammad', le Loué, sont des traductions du mot grec periklytos. Dans l'Evangile de Jean, en 14.16, 15.26 et 16.7 le mot « Consolateur » est la traduction du mot grec parakletos. Nos érudits soutiennent que parakletos est une lecture corrompue de perikletos, si bien que les paroles originales de Jésus étaient une annonce prophétique de la venue de notre saint Prophète du nom d'Ahmad. » 4

Mais il faut savoir qu'en grec, et contrairement à l'arabe, toutes les voyelles s'écrivent dans le texte. Par conséquent, pour changer parakletos en periklytos, il faut altérer trois lettres écrites.

De plus il n'existe aucune preuve textuelle d'une telle lecture. Aucune copie de l'Evangile de Jean, depuis la plus ancienne qui remonte à l'an 200 environ, jusqu'aux plus récentes, ne possède le mot periklytos à la place du mot parakletos. La photo 7 du papyrus p75, qui date de l'an 200 ap. J.-C. montre bien que le dernier mot de cette page - Jean 14.9-26a - est précisément le mot PARAKLETOS mentionne dans le verset 26. Sur ce même document, on s'aperçoit que le verset 16 a été partielement endommagé : cependant, au milieu de la page, à la hauteur de deux flèches portées en marge, on peut lire « PARAKL ---N ». Sur ce mot grec on distingue encore cependant très clairement deux des voyelles controversées sur trois (la désinence finale « ON » indique un complément d'objet direct, exprimé par un accusatif).

Enfin, bien que le mot periklytos qui signifie célèbre ou renomme, apparaisse dans l'Illyade et l'Odyssée du grand poète Homère du 10° siècle av. J.-C nous n'avons aucun texte de l'emploi de ce mot, ni d'un mot de la même famille, dans le grec koïné, cette langue dans laquelle ont été écrits le Nouveau Testament et la Septante grecque de l'Ancien-Testament.

Le mot periklytos ne repose donc sur aucune justification textuelle ou linguistique.

Les remarques préliminaires du Dr Bucaille

En formulant ses remarques sur le Paraclet, ou Saint-Esprit, à la fin du chapitre intitulé Contradictions et invraisemblances des récits le Dr Bucaille amène implicitement son lecteur à penser tout naturellement, et avant même qu'il prenne connaissance de l'argumentation, qu'il y a « contradiction et invraisemblance » dans ce récit.

Puis après avoir déclaré qu'un seul auteur mentionne ce Paraclet à venir, le Dr Bucaille pose la question : Comment se peut-il qu'un sujet « d'une importance (si) fondamentale » soit évoqué par un seul des quatre récits évangéliques ?

Cela le conduit à formuler deux questions critiques et suggestives :

l. « Le texte existait-il initialement dans les autres récits et a-t-il été supprimé ? »

Supprimé ? Qui donc a parlé de suppression ? Sans avoir fourni la moindre preuve qui puisse soutenir cette affirmation de la « suppression », il poursuit :

2. « Pourquoi a-t-il été supprimé ? »

C'est ainsi que sans le moindre fait qui puisse étayer son argument, le Dr Bucaille a forgé de toute pièce une « contradiction » et accusé les chrétiens d'avoir supprimé une partie de l'Evangile.

Et il conclut tout naturellement :

« ... aucune réponse ne peut être apportée ; le mystère reste entier... »

Nous voilà en face d'un mystère - mais d'un mystère échafaudé uniquement sur des paroles sans aucune valeur, des paroles vaines. Remarquez bien que je ne dis pas : « des paroles sans pouvoir », car elles sont tranchantes. Mais elles sont néanmoins sans valeur car elles ne s'appuient sur aucun fait, ni aucune preuve. Ce sont des propos comme ceux-ci que Jésus condamne, lorsqu'il avertit ses auditeurs :

« Au jour du Jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu'ils auront proférée » (Matthieu 12.36).

Que répondre ? D'abord, que le Dr Bucaille commet une erreur en affirmant que ce sujet « d'importance fondamentale » n'est abordé que par un seul auteur d'Evangile. Car, même s'il ne se sert pas du mot Paraclet, Luc évoque la même promesse de Jésus concernant l'envoi du Saint-Esprit et rapporte l'accomplissement de cette promesse en Actes 1 et 2.

Ensuite, sous jacentes aux questions que pose le Dr Bucaille, on pressent qu'il SERAIT IMPOSSIBLE AU DIEU TOUT-PUISSANT DE GUIDER UN SEUL ECRIVAIN A RAPPORTER UN SEUL FAIT.

Si cette affirmation était vraie, elle serait aussi valable pour le Coran. Or tout le Coran est l'oeuvre d'un seul auteur humain : Muhammad. En outre, de nombreux événements - par exemple les jeunes gens qui dormirent plus de 300 ans dans une grotte5 - ne sont rapportés qu'une seule fois dans le texte coranique. C'est, en particulier le cas des paroles placées dans la bouche de Jésus et en vertu desquelles « Ahmad » devait venir. Irons-nous pour autant jusqu'à affirmer qu'il y a « contradiction et mystère » ? Combien de lecteurs souscriraient à une telle logique ?

Et si cette attitude qui met en doute une affirmation sous prétexte qu'elle n'a l'appui que d'un seul auteur, est justifiée, pourrait-on en déduire, à l'opposé, qu'une affirmation soutenue par deux, trois ou quatre auteurs des Evangiles EST VRAI ? Dans ce cas, il faut noter que les quatre évangélistes et Paul mentionnent la mort de Jésus pour nos péchés ainsi que le tombeau vide à la suite de sa résurrection. C'est un argument de poids.

Les versets relatifs au « Paraclet » cités par le Dr Bucaille

Avant de poursuivre, il nous faut examiner les versets qui mentionnent le « Paraclet ». Voici les textes relevés par le Dr Bucaille, à la page 106 de son ouvrage : Jean 14.15-16 :

« Si vous m'aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements ; moi, je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet. »

Jean 14.26 :

« Le Paraclet, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous communiquera toutes choses, et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. »

Jean 15.26 :

« Il rendra lui-même témoignage de moi. »

Jean 16.7-8, 13-14 :

« C'est votre avantage que je m'en aille , en effet, si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; si au contraire je pars, je vous l'enverrai. Et lui, par sa venue il confondra le monde en matière de péché, de justice et de jugement...

Lorsque viendra l'Esprit de Vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière , car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu'il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir. Il me glorifiera... »

(Les caractères gras et ceux en italique sont ceux de l'auteur du présent livre).

Le Dr Bucaille fait suivre ces citations de la remarque suivante :

A noter que les passages non cités ici des chapitres 14 à 17 de l'Evangile de Jean ne modifient aucunement le sens général de ces citations.

Invraisemblances ?

Voici les critiques qu'il formule, à la suite des versets qu'il a cités :

3. Il est « curieux » et « inconcevable » qu'on puisse prêter à l'Esprit Saint les pouvoirs de parler et de dire ce qu'il entend parce que dans la langue grecque, ces mots sont impropres pour caractériser l'activité d'un esprit.

4. Puisque ces mots ne peuvent s'appliquer à un esprit, il faut admettre que le texte a été altéré et que les mots « Saint-Esprit » ont été ajoutés à une époque plus tardive.

5. Pourquoi ont-ils été ajoutés ultérieurement ? La présence de ces mots pourrait fort bien être « tout à fait volontaire, destinée à modifier le sens primitif d'un passage qui, en annonçant la venue d'un prophète après Jésus , était en contradiction avec l'enseignement des églises chrétiennes naissantes , voulant que Jésus fût le dernier des prophètes ».6

6.La traduction du mot « paraclet » est tout à fait erronée.

Nous allons peser ces arguments et évaluer leur solidité.

Fiabilité du texte

En guise d'introduction à sa discussion, le Dr Bucaille écrit : « Toute critique textuelle sérieuse commence par la recherche des variantes. » En d'autres termes, il cherche des preuves que les mots « Saint-Esprit » ont été ajoutés à une date ultérieure au texte johannique. Nous avons déjà étudié longuement la question des variantes, aussi bien pour la Bible que pour le Coran (voir chapitre III de la troisième section) et avons conclu que dans la quasi totalité des cas elles apparaissent comme des erreurs de copies et qu'elles sont décelables par la simple comparaison des manuscrits entre eux.

A quels résultats aboutit la recherche du Dr Bucaille ? Existe-t-il des variantes de lecture concernant Jean 14.26 ? Oui, une seule ! Dans le Palimpseste syriaque du 4e ou du 5e siècle, le mot « saint » est omis du texte. Il n'y a que le mot « Esprit ». On y lit donc : « Mais le Paraclet, l'Esprit que le Père enverra en mon nom... ».

Quelle valeur attribuer à une seule variante, et qui apparaît dans une traduction ? Jean écrivit son Evangile en grec. L'étude des papyrus grecs de 200 à 400 ap. J.-C. révèle qu'ils ont tous les mots « Saint-Esprit ». Le Codex Sinaïticus et le Codex Vaticanus, datés de 350 ap. J.-C. ne font pas état de variante. Le Codex Alexandrinus, de 450 ap. J.-C., lit aussi, « Saint-Esprit ».

La démarche du Dr Bucaille équivaut à vouloir trouver une variante dans la traduction persane du Coran, effectuée par un comité de savants en 345 de l'Hégire et dont il existe aujourd'hui plusieurs manuscrits.7

Quel poids accorderait-on à une telle variante dans une traduction persane ?

Est-il raisonnable de faire dépendre une décision doctrinale sur la base de la découverte d'une variante singulière, tant pour le Coran que pour la Bible ?

Cette variante ne peut provenir que d'une erreur de copie : « Le scribe a-t-il fait un simple oubli ? » Mais il penche néanmoins pour « un oubli volontaire » :

« ... ou bien, placé en face d'un texte à recopier qui prétendait faire entendre et parler l'Esprit Saint, n'a-t-il pas osé écrire ce qui lui paraissait être une absurdité ? » 8.

La Bible et le Coran comportent d'innombrables versets qui affirment que Dieu parle et entend. Alors pourquoi serait-il absurde d'affirmer la même chose de l'Esprit de Dieu ?

Les verbes akouo (« entendre ») et laleo (« parler ») peuvent-ils s'appliquer à un être spirituel ?

Le Dr Bucaille prétend que les mots grecs akouo (entendre) et laleo (parler) imprimés en gras dans la citation de Jean 16.13-14 précédente, ont une connotation matérielle, et ne sauraient donc être employés dans le cas du Saint-Esprit. « Les deux verbes grecs akouo et laleo, écrit-il, définissent des actions concrètes qui ne peuvent concerner qu'un être doué d'un organe de l'audition et d'un organe de la parole. Par conséquent les appliquer à l'Esprit Saint n'est pas possible. » C'est pour cette raison qu'il pense que ce passage johannique ne peut concerner que la venue d'un autre homme ou prophète.

Si nous consultons un dictionnaire de grec classique, nous constatons que le Dr Bucaille a raison en ce qui concerne l'usage dans le grec classique primitif. Dans le Dictionnary of New Testament Theology, vol. 2, p. 172, édité chez Colin Brown, il est dit :

« Akouo (depuis Homère, 10° siècle av. J.-C.) signifie entendre, et s'applique en premier lieu à la perception des sons par le sens de l'ouïe. »

Jusqu'ici, c'est en parfait accord avec l'affirmation du Dr Bucaille, mais l'article continue :

« Cependant l'ouïe ne se restreint pas à la perception sensitive ; elle englobe l'appréhension et l'acceptation par l'esprit du contenu qui est entendu. Ceci a conduit à différents usages linguistiques du mot, discutés plus loin en rapport avec le mot hébreu shama, usages qui se retrouvent aussi dans le grec profane. »

Il a donc bien un « mais », et c'est un « mais » de taille ! Nous ne nous intéressons pas au grec parlé en 950 av. J.-C., mais au dialecte koiné, parlé par l'homme de la rue et le monde des affaires au premier siècle de notre ère.

Répétons ce que nous avons souligné au chapitre I de la première section : le sens d'un mot est déterminé par son usage dans le contexte des phrases et des paragraphes du temps de son emploi en tant que mot écrit. C'est pourquoi nous nous référerons à l'Evangile-Nouveau Testament comme à une autorité qui renseigne sur l'emploi du mot dans la langue grecque chrétienne. Nous nous référerons aussi à la Septante, traduction grecque de la Torah-Ancien Testament, faite sur le texte hébreu par des Juifs vers 200 av. J.-C., comme à une autorité qui renseigne sur l'emploi de ce mot par les Juifs. Et pour ce qui est de l'usage islamique, nous examinerons les mots qu'emploie le Coran lorsqu'il définit les facultés divines de « parler » et d'« entendre ».

Autres versets néo-testamentaires où sont employés akouo (et ses dérivés) et laleo

Y a-t-il d'autres versets de l'Evangile-Nouveau Testament où le verbe akouo est employé pour décrire que c'est Dieu qui écoute ? Oui, en particulier dans les passages suivants qui se servent du mot akouo ou de ses dérives : Jean 9.31 ; Jean 11.41-42 ; 2 Corinthiens 6.2 ; Luc 1.13 et actes 10.31. Voici, in extenso, trois de ces versets, dans lesquels le mot français correspondant à akouo a été imprimé en caractère italiques gras :

akouo

1. Jean 9.31 :

« Nous savons que Dieu n'écoute pas les pécheurs ; mais si quelqu'un honore Dieu et fait sa volonté, celui-là il l'écoute. »

2. Jean 11.41-42 :

« ... Jésus leva les yeux en haut et dit : Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé. Pour moi, je savais que tu m'exauces toujours. »

eisakouo

3. Luc 1.13 :

« Mais l'ange lui dit : Sois sans crainte Zacharie ; car ta prière a été exaucée. Ta femme Elisabeth t'enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jean. »

Ces exemples montrent clairement que le mot akouo est utilisé pour des êtres spirituels, notamment Dieu lui-même. De plus, les deux premières citations sont tirées de l'évangile de Jean et démontrent bien l'usage qu'en faisait Jean, l'auteur du passage relatif au Paraclet.

Laleo, rapporté à Dieu, apparaît en Jean 9.29 ; Actes 7.6 ; Hébreux l.1 et 5.5 ; Marc 13.11 ; Actes 28.25. En voici trois exemples explicites :

1. Jean 9.29 :

« Nous savons que Dieu a parlé à Moïse... »

2. Hébreux 1.1 :

« Après avoir autrefois... parlé à nos pères par les prophètes. »

3. Actes 28.25 :

« C'est avec raison que le Saint Esprit parlant à vos pères par le prophète Esaïe, a dit... »

Ce rapide survol du Nouveau Testament suffit à établir que cinq des auteurs néotestamentaires, notamment Jean, ont appliqué à Dieu les facultés définies par les mots akouo et laleo.

Dieu parle et écoute : dans la Septante

La Septante est une traduction grecque de la Torah-Ancien Testament hébraïque. Elle a été effectuée par des savants Juifs vers 200 av. J.-C. à l'intention de croyants juifs. Cette traduction était en usage dans les communautés juives et dans les communautés chrétiennes du premier siècle.

Dans la Septante, les verbes akouo et laleo sont maintes fois employés avec Dieu comme sujet. Nous nous contenterons de citer deux versets, en sachant que le grec akouo correspond à l'hébreu shama et le grec laleo à l'hébreu dabar :

l. Exode 6.2,3 :

« Dieu parla encore à Moïse et lui dit : Moi, je suis l'Eternel. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme le Dieu Tout-Puissant... »

2. Psaume 94.7,9 :

« Et ils disent : L'Eternel ne voit pas, le Dieu de Jacob ne fait pas attention... Celui qui a planté l'oreille n'entendrait-il pas ? Celui qui a formé l'oeil ne regarderait il pas ? »

Ces versets établissent un contraste saisissant entre les idoles, objet de railleries, qui n'entendent (akouo) pas et ne parlent (laleo) pas et Dieu, Yahweh, l'Eternel, qui entend (akouo) et qui parle (laleo).

Le Dr Bucaille a prétendu que ces mots grecs ne pouvaient s'appliquer qu'à un être humain parce qu'ils supposent des organes physiques pour exprimer des sons ou pour les percevoir. Y a-t-il réponse plus éloquente à lui donner, que ce verset cité plus haut :

« Celui qui a planté l'oreille n'entendrait-il pas (akouo) ? » (Psaume 94.9).

Dieu parle et écoute : dans le Coran

En abordant l'étude du Coran, nous nous sommes rendu compte à quel point les musulmans ont à coeur de montrer que Allah est totalement transcendant. Cependant ils lui reconnaissent souvent les facultés de parler et d'entendre. En voici quatre exemples :

l. Le Croyant (Al Mü'min) 40.60, période mecquoise tardive :

« Et votre Seigneur dit : Appelez-Moi, Je vous répondrai. »

2. La Vache (AI Baqara) 2.30 :

« Et lorsque ton Seigneur dit aux anges... » :

Remarque : Dans ce verset, un être spirituel (Dieu) parle à d'autres êtres spirituels (les anges).

3. Ta-Ha 20.46, de la période mecquoise intermédiaire :

« Il (Dieu) dit : Ne craignez pas, oui, Je suis avec vous deux. J'entends et Je vois. »

4. La Famille d'Amran 3.38 :

« Et alors Zacharie en appela à son Seigneur et dit : O mon Seigneur, donne-moi de Ta part, excellente descendance. Oui Tu es celui qui entend la prière. »

Ce dernier verset fait allusion à la requête de Zacharie en faveur d'un fils. On trouve ce récit également dans l'Evangile de Luc, et il est intéressant de noter que Luc emploie le verbe eisakouo pour qualifier l'attitude de Dieu, attitude à laquelle le Coran rend témoignage dans le dernier verset cité. Il convient de ne pas séparer ces deux passages.

Luc 1.13, 58 ap. J.-C. :

Mais l'ange lui dit : Sois sans crainte, Zacharie ; car ta prière a été entendue. Ta femme Elisabeth t'enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jean.

Famille d'Amram (AI `Imrân) 3.38 :

Et alors Zacharie en appela à son Seigneur et dit : O mon Seigneur, donne moi, de Ta part, excellente descendance.Oui Tu es celui qui entend la prière.

On peut donc penser que les mots qui entend de la Sourate 3.38 devaient être la traduction du verbe grec eisakouo dans le récit original de Luc, écrit quelque 600 ans plus tôt.

J'ai eu récemment l'occasion de vérifier mon hypothèse en examinant une traduction grecque du Coran9. La Sourate 3.33 (qui correspond à 3.38 du Coran en français) dit effectivement :

« O mon Seigneur, donne-moi, de Ta part, excellente descendance. Oui Tu es celui qui eisakouo (entend) la prière.»

Tout en espérant que le lecteur trouvera ce raisonnement solide, je dois préciser qu'il ne constitue pas une preuve absolue du lien entre le mot trouvé dans le Coran (« qui entend ») et l'original grec dans l'Evangile de Luc, car la traduction du Coran en grec date de 1928. II ne constitue donc pas un exemple de l'usage du mot par les chrétiens du premier siècle, ni de l'usage de ce même mot par les musulmans du 7° siècle.

En résumé :

l. Puisque les mots akouo et laleo se trouvent dans d'autres passages de l'Evangile-Nouveau Testament et ont Dieu pour sujet ;

2. Puisque les traducteurs juifs de la Septante se sont servi des mots akouo et laleo pour décrire les facultés de Dieu ;

3. Puisque des faits identiques sont rapportés à la fois dans la Bible et dans le Coran, ce dernier employant le mot sami'un pour eisakouo ;

4. Puisqu'une traduction récente du Coran dans la langue grecque se sert du mot eisakouo et l'applique à Dieu « qui entend »,

il est abondamment prouvé que ces mots grecs s'appliquent bien à des êtres spirituels et que, par conséquent, l'argument du Dr Bucaille ne repose sur aucun fondement solide.

L'Eglise chrétienne a-t-elle enseigné que Jésus était le dernier des prophètes ?

A cette question nous répondons par un « Non ! » catégorique.

Le Nouveau Testament affirme même qu'il y AURA des prophètes après Jésus. C'est ce qu'a clairement révélé Dieu en inspirant à Paul ces paroles de la lettre aux Ephésiens :

« C'est lui (le Christ monté au ciel) qui a donné les uns comme apôtres les autres comme prophètes... » (Ephésiens 4.11 ).

Une étude du Nouveau Testament nous fait découvrir le nom de plusieurs personnages qui ont eu des révélations bien longtemps après l'ascension de Jésus.

C'est 35 ans après sa rencontre avec le Christ ressuscité que l'apôtre Pierre reçut deux révélations pour tous les habitants de la terre et qu'il prophétisa des événements des derniers jours10.

C'est encore par une révélation que l'apôtre Jean écrivit son Evangile à l'intention du monde entier 50 ou 60 ans après avoir partagé quelque temps la vie terrestre de Jésus 11. Ajoutons que le dernier livre de la Bible, écrit aussi par Jean, est à la fois un avertissement et une prophétie des événements qui se produiront lors du retour de Jésus et du jugement dernier.

Agabus prophétisa qu'il y aurait une famine (Actes 11.28) ; « Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, exhortèrent les frères » (Actes 15.32). Tous ces hommes ont exercé ce ministère prophétique après la venue de Jésus.

Apocalypse 1 l.l-12 nous dévoile que deux prophètes doivent encore venir :

«J'accorderai à mes deux témoins le don de prophétiser... pendant 1260jours... afin qu'il ne tombe pas de pluie pendant les jours de leur prophétie (comme Elie) : et ils ont le pouvoir de changer les eaux en sang (comme Moïse). »

Il est donc évident que les premiers chrétiens croyaient que Dieu susciterait des apôtres et des prophètes après l'Ascension de Jésus ; et au moins deux prophètes sont encore à venir.

En vertu de quoi les premiers chrétiens auraient-ils pu vouloir supprimer une prophétie concernant la venue de Muhammad ?

Ils ne pouvaient pas savoir ce qu'il dirait ni quelle serait sa doctrine. Nous pouvons donc conclure ce point en disant que la théorie du Dr Bucaille selon laquelle l'église chrétienne a délibérément supprimé l'annonce prophétique de la venue de Muhammad constitue une accusation qui ne repose sur aucune preuve solide.

Traduction erronée du mot « Paraclet » ?

En sixième lieu, le Dr Bucaille prétend que le mot Paraclet avait été mal traduit. C'est ce qui ressort d'une note au bas de la page 109 :

« Bien des traductions, et des commentaires, surtout anciens, des Evangiles traduisent le mot par consolateur, ce qui est une erreur complète » 12.

Une erreur de traduction est toujours possible ; cependant, dans le cas qui nous intéresse, l'accusation du Dr Bucaille ne vise pas un, mais de nombreux traducteurs. Et cette accusation ne se limite pas à une seule langue. Car le mot « Paraclet » a aussi été traduit par mu'azzi en arabe, ce qui correspond au français « consolateur ». Se pourrait-il que tous se soient fourvoyés, à l'exception du Dr Bucaille ?

Si on ajoute à cette accusation la suivante, tirée du même ouvrage : « En effet, sont toujours répandus à notre époque des traductions et commen­taires de certains passages qui peuvent donner aux scientifiques une idée complètement fausse de la révélation coranique »13, on ne peut qu'être perplexe devant cet homme qui s'estime en mesure de juger que la quasi totalité des traducteurs et des commentateurs de la Bible et du Coran sont dans la plus complète erreur.

Que propose le Dr Bucaille en échange ? RIEN ! En guise de traduction il ne fait que transcrire le mot parakletos en français « paraclet » ! Mais transcrire n'est pas traduire.

C'est évidemment une manière de contourner la difficulté, mais qui n'est d'aucun secours pour le lecteur ! Combien, parmi ces derniers, connaissent le sens du mot grec ? Très peu sans doute.

Le paraclet est celui qu'on appelle à son secours. Le sens du mot dépend donc de la nature du secours attendu. Il peut s'agir de l'« avocat » qui prend la défense de quelqu'un, ou d'un « consolateur » dans un moment de tristesse. Un dictionnaire courant définit ce mot grec de la façon suivante :

( 1 ) intercesseur, (2) avocat, (3) consolateur et (4) celui qui exhorte.

Il n'existe pas un mot français qui inclurait à lui seul, tous ces sens. Nous en sommes donc réduits à revenir au contexte.

C'est le contexte qui garantira l'exactitude de la traduction. La plupart des traductions anciennes comportaient le mot « consolateur » parce que dans le contexte se trouvait l'idée « d'orphelins » (Jean 14.18). L'orphelin, celui qui n'a ni père ni mère, a besoin de consolation.

Dans 1 Jean 2 il est dit :« Si quelqu'un a péché, nous avons « un paraclet » auprès du Père, Jésus Christ le juste. » Le contexte indique

clairement ici que ce dont nous avons besoin, ce n 'est pas d un « consolateur », mais d'un « avocat » ou d'un « intercesseur ». Les traductions françaises et anglaises ont donc traduit par « avocat » ou « advocate » et la traduction arabe « intercesseur » (shafi' ).

Si le mot « paraclet » n'apparaît que 5 fois dans le Nouveau Testament, il n'en est pas de même du mot dérivé paraklesis (qui signifie « réconfort, consolation, exhortation et supplication »). Sur les 29 passages où ce mot est employé, il est traduit « consolation » à 20 reprises.

Le verbe parakaleo (« adjurer, implorer, consoler, désirer, exhorter ») est employé 107 fois dans le Nouveau Testament ; 24 fois il y est rendu par « consoler ».

Examinons, à titre d'exemple, le texte de 2 Corinthiens 1.3-4 :

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père compatissant et le Dieu de toute consolation ( paraklesis), lui qui nous console ( parakaleo) dans toute consolation ( paraklesis), lui qui nous console ( parakaleo) dans toutes nos afflictions, afin que par la consolation ( paraklesis) que nous recevons nous-mêmes de la part de Dieu, nous puissions consoler ( parakaleo) ceux qui se trouvent dans toute sorte d'afflictions. »

Dans ces deux seuls versets, les quatre mentions de paraklesis ou de parakaleo sont rendus par « consolation » ou « consoler ». N'est-il pas évident, alors, que l'affirmation du Dr Bucaille, à savoir que le mot « consolateur » serait une complète erreur de traduction ne repose, elle aussi, que sur du néant ?

Le Dr Bucaille a-t-il réellement indiqué tous les versets et rappelé les contextes entiers qui font mention du mot « Paraclet » ?

Au début de ce chapitre nous avons cité les versets qui mentionnent le Paraclet tels que le Dr Bucaille les relève dans son livre.

Rappelons encore pour mémoire la note qu'il donne à ce propos :

A noter que les passages non cités ici des chapitres 14 à 17 de l'Evangile de Jean ne modifient aucunement le sens général de ces citations.14

Nombreux sont parmi les lecteurs ceux qui n'ont pas immédiatement sous la main un exemplaire de l'Evangile-Nouveau Testament. Nous allons donc reporter dans la colonne de gauche les textes bibliques cités par le Dr Bucaille et, dans la colonne de droite, répéter ces mêmes passages en les complétant par d'autres versets qui parlent, eux aussi, du paraclet. Le lecteur sera ainsi en mesure de juger par lui-même si ces textes supplémentaires modifient ou non, l'interprétation du passage.

 

Jean 14.15-16:

Si vous m'aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements; moi je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet ».

Jean 14.15-18 :

« Si vous m'aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements; moi je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet qui soit éternellement avec vous, l'Esprit de vérité que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure près de vous et qu'il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens vers vous. »

Jean 14.26 :

«Le Paraclet, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous communiquera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. »

Jean 14.26 :

« Le Paraclet, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous communiquera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. »

Jean 15.26 :

« Il rendra témoignage de moi. »

Jean 15.26-27 :

« Quand sera venu le Paraclet que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité qui provient témoignage de moi et vous aussi vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement. »

Jean 16.7-8 :

« C'est votre avantage que je m'en aille; en effet, si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous; si au contraire, je pars, je vous l'enverrai. Et lui, par sa venue, il confondra le monde en matière de péché, de justice et de jugement... »

Jean 16.7-12 :

« C'est votre avantage que je m'en aille; en effet, si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; si au contraire, je pars, je vous l'enverrai. Et lui, par sa venue, il confondra le monde en matière de péché, de justice et de jugement : de péché, parce qu'ils ne croient pas en moi ; de justice, parce que je vais vers le Père et que vous ne me verrez plus; de jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les comprendre maintenant. »

Jean 16.13- I4 :

« Lorsque viendra l'Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière, car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu'il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir. Il me glorifiera... »

Jean I 6.13-15 :

« Quand il sera venu, lui, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité. Car ses paroles ne viendront pas de lui-même, mais il parlera de tout ce qu'il aura entendu et vous annoncera les choses à venir. Lui me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. Tout ce que le Père a, est à moi ; c'est pourquoi j'ai dit qu'il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera.»

Le Dr Bucaille avait affirmé avoir cité tous les versets importants sur ce sujet. « Le reste, avait-il ajouté, ne modifie aucunement le sens général des citations ».

Pourtant, le lecteur se rend compte par lui-même que plusieurs des huit versets omis « modifient le sens général » des sept versets qu'il a cités.

Le Dr Bucaille a longuement développé le fait qu'un manuscrit postérieur de 300 ans à l'original, ne comptait pas d'adjectif « Saint » et en avait conclu que toute l'expression « Saint Esprit », était une additive tardive. Dans son ouvrage il anticipe ce problème en écrivant :

« On se rendra parfaitement compte plus loin qu'un seul mot d'un texte de Jean relatif au Paraclet change radicalement le sens du passage et modifie de fond en comble sa signification du point de vue théologique. » 15

Or, à la lecture des autres versets cités plus haut, nous nous apercevons que cette affirmation est ABSOLUMENT FAUSSE. Car toute la doctrine en question ne repose pas uniquement sur Jean 14.26. Le Paraclet est appelé « Esprit » - Esprit de vérité - dans trois autres versets : Jean 14.27 et 15.26 (omis par le Dr Bucaille) et dans Jean 16. 13. Par conséquent, à quatre reprises, le Paraclet est identifié à un « esprit ».

La citation que fait le Dr Bucaille de Jean 14. 16 (« Moi, je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet ») est arbitrairement tronquée ! Car le texte se poursuit par les mots : « ... qui soit éternellement avec vous.»

Dans le passage de Jean 14.17 (omis) nous lisons ces mots :

« Le monde ne 1e voit pas (le Paraclet) et ne le connaît pas. »

Or, dans ce même verset, Jésus déclare à ses disciples :

« ... il (le Paraclet) demeure près de vous et il sera en vous. »

Jésus affirme donc que le Paraclet « demeure près » de Pierre, de Jacques. de Jean, de Matthieu et des autres, et « qu'il sera en » Pierre, en Jean, en Matthieu et dans les autres « éternellement ».

Dans le passage de Jean 15.27 (omis également par le Dr Bucaille), Jésus déclare à ses disciples qu'ils « devront rendre témoignage » de même que le «  Paraclet rendra témoignage » de lui.

Dans le passage de Jean 16.9 (omis, lui aussi) Jésus précise :

« II (le Paraclet) convaincra le monde de... péché, parce que les hommes ne croient pas en moi. »

Ajoutons que pour avoir une étude exhaustive de ce sujet, le Dr Bucaille aurait aussi dû citer les autres versets de l'Evangile de Jean qui parlent du Saint Esprit, en particulier :

Jean 1.33 qui affirme que Jésus baptisera d'Esprit Saint ;

 

Jean 7.39 qui révèle que l'Esprit Saint sera accordé à ceux qui croiraient en Jésus.

Il eut été bon d'inclure encore la promesse faite par Jésus à ses disciples, et rapporté par Luc en ces mots :

« Il leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre la promesse du Père, dont, leur dit-il, vous avez entendu parler ; car Jean a baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés d'Esprit Saint » (Actes 1.4-5).

Tous ces versets considérés ensemble enseignent donc que le Paraclet, l'Esprit Saint, l'Esprit de vérité, peut être dans les onze disciples simultanément. Ils devaient attendre à Jérusalem que le Saint Esprit leur soit accordé, de leur vivant. Ce Paraclet allait entreprendre une oeuvre de conviction dans le coeur des hommes et des femmes auxquels s'adresserait la prédication des disciples, aussi bien en Inde où s'est probablement rendu Thomas, qu'à Rome où Paul est allé annoncer la bonne nouvelle.

Le « Paraclet » ne peut être qu'un être spirituel

Une personne capable d'être simultanément dans onze disciples, capable d'être simultanément dans tous les chrétiens vivants ne peut qu'être de nature spirituelle. Il ne peut donc s'agir de l'homme Moïse, apparu bien avant la promesse. Il ne peut s'agir non plus de Pierre qui a, au même titre que les autres disciples, entendu la promesse. I1 ne peut pas s'agir, enfin de Muhammad.

En effet, Muhammad était-il avec Pierre, à Jérusalem, à attendre la réalisation de la promesse ? Etait-il là pour enseigner Pierre et les autres disciples « sur toutes choses » ? Peut-on dire de Muhammad que les hommes « ne pouvaient pas le voir » ? Ou qu'il était avec les disciples « éternellement » comme cela est dit du Saint Esprit, le Paraclet ?

Cela n'ôte rien à Muhammad, ni à son rôle d'« avertisseur ».

Nos conclusions montrent simplement que le Dr Bucaille a délibérément supprimé les contextes et déformé les citations dans le but de les faire concorder avec ses idées personnelles.

II a porté six accusations contre le texte biblique, l'estimant faux ; il a de plus, affirmé - faussement - avoir cité tous les versets bibliques sur le sujet étudié. Nous avons examiné chacune de ces accusations et les avons trouvées sans réel fondement. Une conclusion s'impose : les investigations du Dr Bucaille ont manifestement manqué de sérieux et lui-même n'a pas été, dans ce domaine, à la hauteur d'un érudit. Il en résulte que les versets qui mentionnent le Paraclet ne peuvent pas constituer une annonce de Muhammad.

3. Prophéties faites par Muhammad

Nous avons vu précédemment que Dieu avait donné une éclatante démonstration du ministère d'hommes comme Elie et Jérémie, en accomplissant leurs prophéties concernant des événements futurs. Dans le cas du défi lancé par Elie, Dieu avait même fait descendre le feu du ciel en réponse à la prière du prophète. Il nous reste à examiner si Muhammad a prophétisé des événements futurs et si ceux-ci se sont accomplis, fournissant ainsi une preuve de son ministère prophétique.

l. Certains commentateurs ont émis l'idée que le verset 45 de la Sourate de la Lune (Al-Qamar) 54, de la période mecquoise primitive, est l'annonce prophétique de la victoire à la bataille de Badr.

« Le rassemblement sera bientôt défait, et ils tourneront le derrière. »

Pourtant, si nous nous en référons au contexte immédiat des versets 43 à 48, nous découvrons que le sujet traité est celui du Jour du Jugement :

« Quoi ? Vos mécréants sont-ils mieux que ceux-là (les Egyptiens qui furent anéantis) ? Ou y a-t-il dans les registres une quittance en votre faveur ? Ou diront ils : Nous sommes capables, à nous tous, de nous secourir ? Le rassemblement sera bientôt défait, et ils tourneront le derrière. Non mais l'Heure sera leur rendez-vous. L'Heure, cependant, est chose très terrible et très amère. Oui, les criminels sont dans l'égarement et la folie. Le jour où on les traînera dans le Feu sur les visages : Goûtez du contact de l'Enfer-Sacar ! »

Ni Yusuf Ali, ni Hamidullah ne présentent ce verset comme une prophétie, bien qu'il soit possible, évidemment, qu'un verset ait deux sens.

2. Dans la Sourate des Dépouilles (Al-Anfal ) 8.43, de l'an 2 de l'Hégire, il est mention d'un rêve :

« Et quand, en songe, Dieu te les avait montrés peu nombreux ! Car s'il te les avait montrés nombreux, vous auriez certainement fléchi, et vous vous seriez certainement disputés dans l'affaire. Mais Dieu a sauvé. I1 sait vraiment le contenu des poitrines. »

Ce verset, communiqué à Muhammad après la bataille de Badr, se réfère à un songe que Muhammad avait fait avant cette bataille. Mais les difficultés que ce verset soulève sont plus nombreuses que les solutions qu il apporte ! Il n'affirme pas que le songe montrait la victoire. D'après ce verset, Dieu montre aux 300 combattants musulmans qu'au lieu de 1000 soldats, l'armée ennemie en comprendra beaucoup moins.

En somme, ce verset présente un Dieu qui se sert de la tromperie pour parvenir à ses fins, et ce, au sein même de sa communauté de croyants. Cet aspect me pose personnellement un réel problème. Est-ce ainsi qu'agit le Dieu du ciel et de la terre, Tout-Puissant, lui qui est désigné comme Dieu de Vérité et Dieu Saint ?

Or on découvre ce même mode d'action en d'autres endroits du Coran. Dans la Sourate 19.26, Dieu ordonne à Marie de dire qu'elle jeûne, alors qu'elle mange des dattes et qu'elle boit. Dans la Sourate 34.12-14, Dieu maintient les djinns au travail par une supercherie : il leur fait croire que Salomon est toujours en vie. La Sourate 4.157 déclare que Jésus n'est pas mort et qu'il n'a pas été crucifié, mais que Dieu a présenté quelque chose de ressemblant.

Une telle présentation de Dieu ne crée-t-elle pas un malaise chez le lecteur ? Comment pouvez-vous honnêtement vous persuader que ces actions que le Coran attribue à Allah ne sont pas des artifices mensongers ?

3. La Sourate de la Victoire (AI-Fath ) 48.27 de l'an 6 de l'Hégire présente une autre vision :

« Dieu, très certainement, réalisera par la vérité la vision de Son messager : très certainement vous entrerez dans la Sainte Mosquée, si Dieu veut (In sha'Allah ), en sécurité, ayant rasé vos têtes et coupé les cheveux, n'ayant point de crainte. Il sait donc ce que vous ne savez pas. »

Muhammad avait dit à ses hommes qu'il avait eu la vision du pèlerinage à La Mecque avant que celui-ci n'eût lieu. Les Mecquois s'opposèrent à l'entrée de Muhammad et de ses hommes. C'était à Hudaibiya. Mais les deux parties conclurent un traité en vertu duquel dorénavant les musulmans pourraient effectuer leur pèlerinage à La Mecque. Selon le Hadith, certains musulmans étaient très troublés parce que le songe ne s'était pas réalisé. C'est alors que ce verset fut donné à Muhammad, lui promettant un accomplissement futur.

C'est au lecteur qu'il appartient d'apprécier la valeur de ce verset, en tenant compte cependant qu'il ne fournit aucun détail sur la vision originale. Mais la difficulté se trouve ailleurs, et elle est de taille. Comment expliquer la présence de cette réserve « si Dieu le veut » au beau milieu d'une parole prophétique sortie de la bouche même de Dieu ?

Si Dieu a « réalisé la vision de Son messager » et dit « vous entrerez », comment peut-il encore dicter à son messager ces mots au caractère restrictif « Si Dieu veut » ? Il est Dieu, et par conséquent, il sait ce qu'il veut. Nous sommes au coeur de la vraie définition d'une prophétie : ELLE SE REALISERA CERTAINEMENT.

4. I1 n'y a finalement qu'un cas où une prophétie a été clairement accomplie. On la trouve dans la Sourate des Byzantins (AI-Rüm) 30.1-4, de la période mecquoise intermédiaire :

« Les Romains ont été vaincus dans le pays voisin ; mais après leur défaite, ils seront vainqueurs dans moins de dix ans, - à Dieu le commandement, avant comme après ! - et ce jour-là les croyants se réjouiront. »

D'après les commentateurs, ce verset a été donné à Muhammad en 615 ou 616 ap. J.-C., au moment où les Perses menaçaient de s'emparer de Constantinople. Huit années plus tard, en 624 ap. J.-C., le vent de l'Histoire avait tourné et les Romains faisaient leur entrée en Perse. En Histoire, l'expérience est là pour indiquer qu'il n'est pas rare qu'une nation qui a perdu une bataille se ressaisisse et inflige à son précédent vainqueur une défaite cuisante. La prophétie avait donc une chance sur 4 ou une sur 5 de se réaliser. Qu'elle se soit littéralement accomplie ne fait de doute pour personne.

Il existe dans le monde musulman bien d'autres récits - tant dans le Hadith que dans les contes populaires - qui font état de faits miraculeux. Nous nous sommes limités à ceux qui avaient un support, à notre connaissance, dans le Coran.

Il nous reste à examiner une tentative récente pour démontrer le caractère miraculeux du Coran par l'arrangement mathématique de ses mots et de ses lettres.

5. Le nombre 19 : un miracle numérique ?

Cet effort récent déployé pour trouver un second témoin en faveur du Coran est particulièrement mis en évidence dans la monographie de Rashad Khalifa, intitulée Computer manifested Miracles in the Holy Qur'an. L'introduction révèle clairement et ouvertement la nécessité de deux témoins. Nous y lisons, en effet :

« Durant toutes les époques, le Dieu Tout-Puissant a envoyé à l'humanité une longue lignée de messagers pour la guider et lui apporter les écritures sacrées. Ces messagers avaient invariablement l'appui des miracles divins qui prouvaient aux croyants qu'ils étaient bien envoyés par Dieu. C'est ainsi que Moïse (que la paix soit sur lui !) alla trouver Pharaon avec la possibilité de transformer son bâton en serpent. Jésus... aussi eut le témoignage des miracles, lui qui fit revivre des morts et redonna la vue à des aveugles sans espoir de guérison. »16

Le Dr Khalifa poursuit en soulignant que ces miracles étaient limités dans le temps et dans l'espace au point que seuls ceux qui étaient présents pouvaient les constater.

Il pense avoir trouvé un autre type de miracle grâce à l'ordinateur qui met en lumière la valeur numérique des mots. Voici en quels termes il explique de quoi il s'agit :

« La clé du miracle perpétuel accompli par Muhammad se trouve dans le premier verset du Coran : « AU NOM DE DIEU LE TRES MISERICORDIEUX, LE TOUT MISERICORDIEUX », BiSM ALLaH, AL-RaHMaN, AL-RaHIM .

Le nombre total de lettres (capitales) de ce premier verset coranique est de 19 .17. C'est une constatation purement physique. On a aussi constaté que chaque mot de ce verset fait, dans le Coran, l'objet d'un nombre de citations multiple de 19. Ainsi le premier mot 'ISM se trouve 19 fois mentionné dans le Coran, le second mot, ALLaH y figure 2698 fois, soit 142 x 19, le troisième mot, AL-RaHMaN apparaît 57 fois, soit 3 x 19, et le dernier mot AL-RaHIM 114 fois, c'est-à-dire 6 x 19. »18

Note : Placée devant le Ra, la lettre L de l'article AL se lit R : AR-RaHMaN. La discussion qui suit portant sur des lettres, nous avons laissé le L qui s'écrit !

Le Dr Khalifa affirme alors : « Cette investigation confiée à l'ordinateur, du message final de Dieu, ne fait intervenir que des faits strictement physiques : ni devinette, ni interprétation humaine subjective, ni hypothèse n'ont leur place dans cette approche » ce qui signifie, en d'autres mots : absence de tout présupposé. L'auteur mentionne encore bien d'autres exemples de ce type, relevés dans le Coran , mais nous n'allons nous intéresser de près qu'au premier exemple donné.

Quoi qu'en dise le Dr Khalifa à propos d'hypothèse humaine non-nécessaire, il faut quand même reconnaître que sa première affirmation relative aux 19 lettres du premier verset coranique repose pourtant bien sur un présupposé ! Si nous transcrivons en français ce verset arabe, en éliminant les voyelles non écrites, bien que prononcées, nous obtenons : BSM ALLH ALRHMN ALRHIM. Il y a effectivement 19lettres. Mais il existe dans la grammaire arabe un petit signe, le shadda qui indique que la lettre placée sous le signe doit être doublée. Or ALLah ou ALLH possède un shadda sur le deuxième L et un aleph de prolongation. Le mot devrait donc s'écrire ALLLAH. Nous aurions alors un total de 21 lettres.

Dans son argumentation, le Dr Khalifa n'a pas expliqué comment il fonde sa décision d'exclure le doublement du deuxième L et l'aleph de prolongation, ni comment il a choisi de ne pas compter les voyelles.

Le mot BISM pose aussi problème. Ce mot résulte de la contraction de deux mots : la préposition Bi , traduite dans ce cas par « dans », et le mot ISM , qui signifie « nom ». Si nous nous reportons au mot ISM dans la concordance arabe, recommandée par le Dr Khalifa et intitulée Index des mots du Glorieux Coran de Abdul-Baqi 19, nous découvrons avec étonnement l'indication suivante :

BiSM le mot qui apparaît dans le premier verset du Coran et qui fait l'objet de notre attention, ne se trouve que trois fois, dans les Sourates l.l, 11.41 et 27.30. ISM, la deuxième partie du nom composé figure « dix-neuf fois ».

Mais il existe encore une troisième écriture, ISMuHu qui signifie « son nom » écrit comme un seul mot en arabe et qui revient cinq fois.

En clair, nous avons 3 +19 +1+ 5 = 27 mentions du mot en question, et ce total ne se divise pas par 19 !

Toujours à propos de ce mot, nous nous trouvons, quoi qu'en dise le Dr Khalifa, en présence de présupposés qu'il ne justifie pas. En vertu de quoi ignore-t-il les trois citations du mot BiSM, ce mot dont précisément il analyse la fréquence d'emploi ?

En vertu de quoi ne tient-il compte que du mot ISM et élimine-t-il le mot composé associé à l'adjectif possessif (un seul mot ensemble ISMuHu) ?

L'explication résiderait-il dans le sens des mots conservés pour cet inventaire statistique ?

On pourrait imaginer que le Dr Khadifa ait décidé de prendre en considération que les versets qui parlent de Dieu seulement. Nous nous apercevons rapidement que ce n'est pas le cas. En effet, les versets suivants nous fixent à ce sujet :

Sourate du Plateau servi (Al- Ma'ida) 5.5 :

« ... prononcez dessus le nom de Dieu (ISM Allâh )... »

Sourate de la Vache (A1-Baqara) 2.114 :

« Et quel pire prévaricateur que celui qui empêche qu'aux mosquées de Dieu on mentionne Son nom (ISMuHu) ? »

En arabe, il n'y a pas de différence entre ces mots, sinon que « le nom de Dieu » est grammaticalement un complément d'objet direct et que « Son nom » est un sujet. L'auteur de la concordance a donc arbitrairement séparé les deux mots au vu de leur forme écrite.

De plus, en vertu de quoi les 12 références où le mot apparaît au pluriel, sont elles éliminées du décompte ? A titre d'exemple, évoquons la Sourate de Al-A`râf 7.180 :

« A Dieu appartiennent les noms les plus beaux... »

La réponse apparente à toutes ces interrogations consiste à dire que si on prenait en compte les différentes formes du mot et leur nombre (singulier et pluriel) on arriverait à un total de 39... et 39 n'est pas divisible par 19 !

Mais revenons encore sur le nom ALLAH. Quand le nom est précédé de la préposition Li qui signifie « à » dans les expressions « à Dieu », il est contracté avec cette préposition et prend la forme LiLLAH avec le shadda (la ! Sourate 2.22 en fournit un exemple). Du point de vue grammaticale on est ramené au cas de BiSM discuté plus haut. Mais cette fois, et contrairement au cas de BiSM, le Dr Khalifa a inclus cette forme contractée LiLLAH dans le nombre total 2698 citations du nom ALLAH... sans doute parce qu'ainsi il obtenait un multiple de 19 ! Pourquoi deux poids et deux mesures ?

On peut donc reprocher au Dr Khalifa de n'avoir pas adopté les mêmes critères d'appréciation en face des mots BiSM et LiLLAH. Si, à juste titre, il a compté la forme LiLLAH dans son inventaire du mot ALLAH et obtient ainsi un total divisible par 19, il aurait fallu inclure BiSM dans le décompte des références à ISM et accepter honnêtement que le total ne soit pas divisible par 19.

Pour ce qui est du mot AR-RaHMaN, nous n'avons aucune objection à formuler. Ce mot revient bien à 57 reprises, comme l'affirme l'auteur.

Finalement, venons-en au mot AR-RaHIM. Le Dr Khalifa affirme qu'il est cité 114 fois (soit 6 x 19). Pourtant, d'après la concordance de Abdul-Baqi, ce mot n'apparaît que 34 fois dans sa forme exacte et avec l'article défini. On le trouve encore 81 fois sans article défini, soit un total de 1 15 citations auxquelles il convient d'ajouter une référence du même mot au pluriel, soit 116 mentions dans le Coran. Or, ni 115 ni 116 ne sont divisibles par 19.

Beaucoup de gens se réfèrent aux « découvertes » du Dr Khalifa. Le Dr Bechir Torki consacre plus de quatre pages à résumer cette étude20. Et pourtant les quatre présupposés suivants y sont introduits sans la moindre explication :

Le Dr Khalifa a décidé d'ignorer la règle du doublement du L dans le mot ALLaH et de ne pas compter les voyelles non écrites ;

Il a décidé d'omettre BiSM de son étude du mot ISM, bien qu'il ait adopté l'attitude inverse dans l'étude du mot ALLAH auquel il ajoute la forme LiLLAH ;

Il a décidé d'omettre ISMuHu de son décompte alors que cette forme est grammaticalement identique à celle de ISM ;

I1 a décidé d'omettre les formes plurielles de ISM et de AR-RaHIM. Et, de plus, il semble avoir commis une erreur de calcul dans le décompte des références du mot AR-RaHIM.

Si les découvertes du Dr Khalifa doivent constituer un second témoin un miracle en faveur du Coran, alors il faudrait que l'argumentation de l'auteur soit plus convaincante pour tous. Le Dr Khalifa fournira peut-être dans un proche avenir des explications sur la méthode employée pour parvenir à ses résultats, mais en attendant, nous pouvons considérer qu'il n'a pas apporté la preuve de son affirmation.

Conclusion

Nous nous sommes penchés sur tous les passages coraniques qui faisaient, ou pouvaient faire, allusion à des miracles ou à de la prophétie. Il appartient maintenant au lecteur de juger en son âme et conscience s'il a trouvé, de manière satisfaisante, le second témoin.

Dans le chapitre suivant, nous allons nous intéresser à quelques-unes des prophéties de la Torah-Ancien Testament relatives à Jésus le Messie, pour voir si, en les accomplissant, Dieu a fourni le second témoin au ministère prophétique de Jésus.

 

 


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1 Ce passage a été soigneusement analysé au chapitre I de la première section.[retourner au texte]

2 Dans un dictionnaire arabe, les deux noms figureraient sous les lettres H M D. [retourner au texte]

3 Katkat, op. cit., p. 59.[retourner au texte]

4 Yusuf Ali, op. cit., p. 1540.[retourner au texte]

5 Sourate mecquoise de la Grotte (Al-Kahf ) 18.9-26.[retourner au texte]

6 Bucaille, La Bible, le Coran et la Science, p. 109.[retourner au texte]

7 Hamidullah, Le Coran, op. cit., p. xxxvi.[retourner au texte]

8 Bucaille, La Bible. le Coran et la Science, p. 108.[retourner au texte]

9 TO KORANION, traduction grecque par G.I. Pentakh ; imprimé en Grèce en 1928.[retourner au texte]

10 1et 2 Pierre.[retourner au texte]

11 Evangile de Jean et Apocalypse.[retourner au texte]

12 Bucaille, La Bible. le Coran et la Science, p. 109.[retourner au texte]

13 Ibid. , p. 200.[retourner au texte]

14 Bucaille, La Bible, le Coran et la Science, p. 107.[retourner au texte]

15 Ibid. , p. 86.[retourner au texte]

16 Monographie, page 1. Récemment augmentée et publiée sous le titre The Computer speaks Gods Message to the World, Renaissance Productions International, Tucson.[retourner au texte]

17 En arabe, de nombreuses voyelles ne s'écrivent pas (voir page 138 du chapitre III de la troisième section). Pour rendre la discussion accessible à ceux qui ne connaissent pas l'arabe, j'ai représenté par des lettres majuscules les lettres arabes écrites et par des minuscules les lettres prononcées mais non écrites. La situation est, en fait, plus complexe. En effet, quand le nom ISM se trouve seul, le I est considéré comme une lettre écrite ; quand le même nom est contracté avec la préposition B qui le précède, le I disparait?t, le mot s'écrit BSM.[retourner au texte]

18 Ibid , p. 3.[retourner au texte]

19 Publié par Dar Ihiaa Al-Turath AI-'Araby, Beyrouth, Liban, 1945, pp. 361-362.[retourner au texte]

20 Torki, op. cit., pp. 92-96.[retourner au texte]